Rock'n'folk

Votre participation à l'émission de Dechavanne, "Ciel Mon Mardi", ne constitue-t-elle pas une erreur énorme ? Moi je m'en souviens comme si c'était hier...
Fanfan
: Oui, pourtant il y avait Aubert, le Gros Boucher, Solaar, mais nous les Bérus, on n'aurait jamais dû y aller.  On a accepté de faire un truc folk et on s'est fait casser en direct.
Par l'ignoble Louvin, qui a décrété : "C'est pas punk, c'est la Bande à Basile punk." Horrible...
Fanfan : Voilà, c'était une énorme erreur.
Masto :Le problème des Bérus c'était ça. Dans plein d'endroits, c'était pas notre place.  Tu vois, quand on a fait le Zénith, par exemple ? Trop grand, pas notre place.  On était malheureux.  Pareil chez Dechavanne.  Même si, avec le recul, je reconnais qu'il y avait un côté scouts en culbute chez les Bérus.

Aventure

Est-ce que vous vous considériez comme des punks ?
Masto
: D'abord il faut que j'explique quelque chose.  Moi, à l'époque, j'avais pas compris les textes, ni les paroles.  Fanfan chantait "Petit Agité", bon, moi à un moment précis j'intervenais, et je lui collais un coup de matraque.  Plus tard j'ai compris
qu'il parlait de "gosses délinquants  devenus violents"...                              Fanfan :Par contre il tapait fort, le bougre (rires).  Moi je faisais des textes, c'était une révolte qui partait dans tous les sens. J'ai plein de carnets chez moi, bourrés de textes. Bon, Loran lisait tout ça, il choisissait, il disait ça oui, ça non, ça bof.. C'est pas qu'on s'en foutait, puisque des types comme Helno se sont reconnus dans "Ainsi Squatte-T-Il" et nous ont rejoints.

On dirait qu'il s'est passé au cours de cette aventure un truc magique.  Et maintenant, ce souvenir très beau, inexplicable, idéal même, vous interdit de revenir.  Je me trompe ?
Masto
: Il n'y a aucune nostalgie.  C'est une histoire fermée, finie, c'est bien.
Fanfan : Et puis les textes sont venus du public de cette époque. C'étaient souvent leurs aventures, leurs histoires qu'ils venaient nous raconter après les concerts.  Parfois notre Service d'Ordre, dont on s'était armé que pour nous protéger du Service d'Ordre local, pour les surveiller, pour protéger nos fans des gros bras de service, se lançait dans de grandes discussions idéologiques avec nous.  Eux même discutaient très fermes entre eux, il y avait une partiede ce SO Anar, une partie Coco. Sinon je me souviens de Pierrot Camouflage dormant dans les salles pour garder la sono...
Masto : Avec sa 22 long rifle, en treillis, poignard dans la botte, "je garde le matos ", la totale (rires).
Les skins ?
Il y a eu des coups qui sont partis trop vite.  Je pense à ce qui s'est passé à l'Olympia.  C'était pas sympa, pas cool.
De quel milieu veniez-vous ?
Fanfan
: C'était très mélangé.  Moi je suis un genre de Bazooka, fils d'artistes.  Loran était un fils de prolo, il bossait en usine d'armement.  Un jour il a compris pour qui il trimait, il a tout plaqué.  Helno c'était.. le  lumpen prolétariat.  Je dis ça avec respect, il nous avait emmenés chez ses parents.  En fait on se rencontre tous en 80, autour de Lucrate Milk.  Mais on ne copiait ni Crass, ni Exploited.  On tournait dans les squats, on n'avait rien, il fallait donc faire des concerts événements.  C'était noir, terrible, on faisait exploser des poulets vivants sur scène.
Comment on fait ça, expliquez-nous ?
Fanfan : Tout à fait simplement: un pétard dans le cuL.. Beaucoup de copains de cette époque sont morts, disjoncte, drogue, sida...

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